Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/246

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éclat incomparable ; reine du ciel et de la terre, elle connaît en détail tous nos besoins, et dans sa bienveillance elle ne néglige rien de ce qui nous touche. Elle est toute sainte et toute belle ! De tout temps, combien de saints et de saintes n’ont pas obtenu le royaume du ciel en l’honorant ! Priez-la donc instamment, et vous êtes sûrs d’être exaucés ; sur dix mille, un seul même ne saurait être refusé.

« Je vous ai dit trop de choses déjà, mais c’est ma dernière heure. J’ai le cœur dans l’impatience et le corps tout agité, je ne puis dire tout ce que je voudrais et ce que je dis est sans suite et très-incorrect. À la fin, combien resterez-vous de chrétiens ? Ayez donc soin d’être toujours attentifs, réunissez-vous pour prier de tout votre cœur, et si vous pouvez obtenir du Saint-Esprit le feu de la charité, il n’y aura plus de difficultés pour vous. Ne craignez ni les dangers, ni la mort ; ne rendez pas inutile le désir que Jésus a de sauver tous les hommes, et par son secours vous pourrez traverser heureusement la mer orageuse de cette vie, et faire aborder votre barque aux rivages du ciel, où nous jouirons ensemble des joies éternelles dans les siècles sans fin.

« Je ne pourrai pas écrire en particulier à Thérèse et à Agathe. Elles ont rompu déjà avec le monde, mais ce n’est pas là le plus difficile. Agathe, forcée de vivre avec les païens, aura bien des difficultés à vaincre ; elle devra corriger son caractère difficile Imprimez profondément dans vos cœurs les cinq plaies de Jésus-Christ. Rendez à Dieu amour pour amour, vie pour vie, et alors même pourrez-vous espérer avoir entièrement satisfait à votre devoir ? Car Notre-Seigneur a souffert mille douleurs et mille amertumes de son plein gré, pour nos péchés ; comment payer jamais un tel bienfait ?

« J’ai mille choses à vous communiquer. Mais je ne puis tout dire. Ces lignes sont les dernières que ma main pourra tracer en ce monde, j’espère que vous en prendrez lecture et en profiterez. — Année kei-hai, le 22 de la douzième lune. »

Six jours plus tard, le courageux soldat de Jésus-Christ scellait cette lettre de son sang.


Ainsi se termina la persécution. Il restait, à la vérité, quelques prisonniers tant à la capitale que dans les provinces, mais parmi eux, peu de chrétiens influents. La plupart demeurèrent encore longtemps en prison, les autres furent relâchés ou envoyés en exil.