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campagne chez qui il s’était retiré, obtint la permission de le faire prêcher, et des fruits abondants de salut, des conversions inespérées montrèrent combien était agréable à Dieu le zèle du jeune apôtre.

Enfin, M. Daveluy fut ordonné prêtre le 18 décembre 1841, et quelques jours après, envoyé à Roye comme troisième vicaire. Il y resta vingt mois. La lettre suivante écrite à son père, le 2 septembre 1843, par le vénérable curé de cette paroisse, montre bien quel saint prêtre était dès lors notre futur martyr.

« Monsieur, votre fils va me quitter ; il me laisse des regrets profonds que le temps seul pourra adoucir. Depuis qu’il est avec moi, j’ai été à même d’apprécier sa piété qui ne s’est démentie en aucune circonstance, son zèle éclairé, son dévouement parfait, son aptitude pour toutes les fonctions du saint ministère, son caractère aimable, et toutes les vertus qui font le bon prêtre. Mes regrets sont partagés par ses autres confrères, et par tous les habitants de cette ville. Aucun ecclésiastique jusqu’à présent n’a en si peu de temps conquis une aussi haute confiance dans cette paroisse, et je ne me console de le perdre que par la pensée du bien qu’il a fait, et de celui, plus grand encore, qu’il est appelé à faire. J’admire sa détermination, et je suis porté à croire que Dieu a de grands desseins sur lui. Quand il m’eut appris que, depuis plusieurs années, il avait résolu d’aller vers les infidèles, qu’il avait été affermi dans sa résolution par les hommes les plus dignes de sa confiance, je n’ai point essayé de combattre le parti qu’il prenait, et mes vœux comme mes regrets le suivront partout où il ira. Je dirai seulement à Mgr l’évêque quel est le collaborateur que je perds, et le prêtre éminent dont il se prive. »

Mais rien ne pouvait plus retenir M. Daveluy. Des médecins consciencieux lui avaient déclaré que sa santé était suffisamment affermie ; d’un autre côté Mgr Miolland, en véritable évêque catholique, avait, pendant la retraite ecclésiastique, le 15 juillet de cette même année, déclaré publiquement qu’il accorderait toujours la permission, à ceux de ses prêtres qui témoigneraient le désir de se faire missionnaires. Les dernières dispositions furent bientôt prises, et le 4 octobre, M. Daveluy entra au séminaire des Missions-Étrangères. Après quelques mois de probation, il s’embarqua à Brest avec MM. Chauveau et Thivet[1], sur l’Archimède, qui transportait en Chine le secrétaire de l’ambassade

  1. M. Thivet est mort dans la l’île de Poulo-pinang, en 1849. Mgr Chauveau est maintenant vicaire apostolique du Thibet.