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il faisait une heure ou une heure et demie de méditation. Pendant le carême il jeûnait tous les jours.

À l’arrivée de Mgr Imbert, Laurent fut établi catéchiste. Son instruction, ses vertus, les bons exemples qu’il n’avait cessé de donner, le rendaient digne de ce poste de confiance, et il s’acquitta de ses fonctions à l’entière satisfaction de tous. En 1846, il alla se cacher pendant quelque temps pour attendre l’ordre de Dieu. À la septième lune, les satellites de la capitale, au nombre d’une vingtaine, envahirent le village d’Eu-tji où il habitait, cernèrent sa maison et saisirent d’abord toute sa famille, puis ayant de suite relâché les autres, ils dépouillèrent Laurent de ses vêtements, le suspendirent à une poutre, et le battirent cruellement en lui disant d’apostasier et de dénoncer ses complices. Laurent s’y refusa. Alors ils lui lièrent les jambes, et mettant entre ses deux pieds de petits morceaux de vaisselle brisée, ils les entourèrent d’une grosse corde qui, tirée alternativement de l’arrière et de l’avant, lui sciait et lui broyait les chairs. Laurent supporta cet horrible supplice avec une patience telle que ses bourreaux disaient aux autres néophytes : « Si vous voulez être vraiment chrétiens, il faut l’être comme Laurent. » On lui fit prendre ensuite la route de la capitale ; les satellites voulurent le faire monter à cheval, mais il refusa absolument, et ses blessures l’empêchant de faire usage de souliers, il fit, pieds nus, ce chemin de plus de cent lys : c’était pour suivre Jésus allant au Calvaire chargé de sa croix. Il fut étranglé, à l’âge de quarante-huit ans.

Le dernier de cette troupe bénie était Joseph Nim Koun-tsip-i. Né dans un village sur les bords du fleuve de la capitale, Joseph perdit sa mère de bonne heure, et son père, qui était riche et n’avait que ce seul enfant, l’aimait trop pour lui faire jamais de sévères réprimandes. Malgré cette faiblesse qui présida à son éducation, le cœur de Joseph, naturellement porté à la piété filiale et à l’obéissance, resta simple et vertueux. Après avoir fréquenté les écoles pendant une dizaine d’années, pour s’initier à la connaissance des caractères chinois, il s’occupa avec ardeur du tir de l’arc et des autres exercices du corps. Il aimait la musique, la poésie, cultivait les arts, et par suite se trouvait lié avec une foule de jeunes gens adonnés aux plaisirs ; mais, au milieu de tous ces divertissements, on ne vit jamais paraître en lui rien de coupable ou de désordonné, et il sut conserver l’estime de tous ceux qui le connaissaient.

Vers l’an 1830, il entendit, pour la première fois, parler de la religion chrétienne. La force de la vérité le convainquit aussitôt ;