Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais il ne put se décider à rompre tout d’un coup avec ses nombreux amis, et remit sa conversion définitive à une autre époque. Cependant il avait pleine confiance dans les chrétiens, les aimait comme des frères, et était heureux de pouvoir soulager ceux qui étaient dans le besoin. Il entretenait continuellement chez lui quatre ou cinq de ceux qu’il savait être sans appui ni ressources. En 1835, une persécution s’étant élevée dans le village où il habitait, et plusieurs chrétiens ayant été pris, il fit tous ses efforts pour protéger les autres, s’enrôla volontairement dans les rangs des satellites, et parvint ainsi à rendre aux fidèles des services signalés. Plus tard, il émigra au village de San-kaï ; les allées et venues continuelles des chrétiens dans sa maison le firent bientôt soupçonné par les voisins qui, en conséquence, ne lui épargnèrent ni les injures, ni les calomnies ; mais il ne daigna pas s’en émouvoir.

À la cinquième lune de 1846, son fils accompagna en mer le P. André Rim, et fut pris avec lui. Dès que Joseph en eut connaissance, il monta en bateau et se rendit droit au village où l’arrestation avait eu lieu ; déjà son fils avait été conduit à la préfecture maritime de Ong-tsin. Joseph poursuivit son chemin, sans cacher qui il était, se livra lui-même, et fut emprisonné ; mais on ne lui permit pas de voir son fils. Peu de jours après, tous deux furent envoyés sous escorte à la capitale, et pendant toute cette longue route, ils ne purent ni se voir ni se parler. Arrivé à la capitale, Joseph fut écroué à part dans la prison des voleurs, et rencontra tout d’abord le père André Kim. Cette vue lui causa une émotion étrange, et prenant immédiatement une résolution définitive : « Dès aujourd’hui, dit-il au prêtre, je pratiquerai la religion. J’ai déjà attendu trop longtemps. » Le P. André lui expliqua que son emprisonnement était une grande faveur de Dieu, qu’il devait s’efforcer d’y répondre avec soin, et rester fidèle jusqu’à la mort. Joseph le promit, commença de suite à apprendre les prières, et, après quelques jours de préparation, fut baptisé par le prêtre. Des satellites liés autrefois d’amitié avec lui, voyant sa détermination, voulurent lui sauver la vie, et à cet effet, tentèrent par d’insidieuses paroles, de le faire tomber dans l’apostasie, mais Joseph les repoussa en disant : « Je suis résolu à mourir pour Dieu qui est mon roi et mon père, je suis un homme mort, pourquoi adresser tant de discours à un mort ? ne me parlez plus de cela. » Peu après, les satellites revinrent accompagnés de ses deux fils et de ses deux belles-filles, et firent de nouvelles instances : « Voyez vos enfants, pourriez-vous