Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/393

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pauvre mission ! Vous dire quel coup cette mort a porté à nous et à nos chrétiens, ne serait pas chose facile. Je n’essayerai pas. Ce cher confrère, dans les intervalles de sa terrible maladie, m’avait paru si bon, si capable, et d’un caractère si admirable ! Le peu de chrétiens qui ont pu l’aborder étaient enchantés de lui. Tout, même son extérieur très-peu différent de celui des Coréens, semblait le désigner pour cette mission, et Dieu le rappelle de suite à lui. Que sa sainte volonté soit faite ! »

L’année 1854 se passa assez tranquillement. Le gouvernement ne laissait voir aucune intention hostile, et quoique plusieurs chrétiens eussent été emprisonnés en divers lieux, on put, à force d’argent, obtenir leur délivrance. L’œuvre de Dieu avançait, et, de temps en temps, quelques conversions frappantes venaient montrer la toute-puissance de la grâce, et encourager les fidèles. Un jour, c’était un vieillard de soixante-dix ans qui accourait à l’insu de ses enfants et des autres membres de sa famille demander le baptême. Il avait, bien des années auparavant, donné sa démission d’une charge importante, et renoncé à ses espérances d’avenir pour pratiquer librement la religion. Il avait été forcé, dans ce but, de se faire passer tantôt pour malade, tantôt pour imbécile. Séparé des chrétiens, au temps de la persécution, il n’avait jamais pu renouer de relations avec eux, et avait continué seul, malgré tous les obstacles, la pratique fervente des quelques exercices religieux qu’il connaissait. Dieu lui fit enfin la grâce de rencontrer le prêtre.

Un autre fois, c’était toute une famille amenée à la foi par son chef, dans des circonstances assez singulières. Cet homme qui jouissait d’une certaine aisance, préoccupé du désir de connaître le pourquoi et le comment des choses de ce monde, la raison de sa propre existence et les moyens d’arriver au véritable bonheur, avait dans ce but fait de très-longues et très-inutiles recherches. Il avait parcouru les bonzeries, étudié les livres de toutes les sectes, consulté tous les devins et tous les astrologues, pratiqué la magie, etc., quand la miséricordieuse Providence lui donna l’idée de s’enquérir de la religion chrétienne. Il fut d’abord assez mal reçu par les fidèles auxquels il s’adressa, et, pendant plusieurs mois, dans la crainte de se compromettre, ils refusèrent de lui faire connaître leur doctrine. À la fin cependant, convaincu de sa bonne foi, un chrétien lui exposa les principaux mystères et lui dit : « Je vous ai déclaré le fondement de toutes choses, réfléchissez-y mûrement et à loisir. Si vous trouvez ce fondement solide, revenez, et je serai heureux de vous faire connaître