Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/440

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quinzaine d’entre eux ont commencé à s’instruire de notre saine religion. Quelle qu’ait été la cause de ce phénomène ou prodige, Dieu en a tiré déjà sa gloire et le salut de quelques âmes. Certaines conversions se font, pardonnez-moi l’expression, contre toutes les règles. Dernièrement une jeune fille chrétienne est donnée en mariage à un païen, au mépris des lois de l’Église. Mgr de Capse met en interdit les parents de la jeune personne. Ne sachant que faire, ceux-ci vont trouver le jeune marié païen et lui disent : « Nous sommes à cause de toi sous le poids d’une punition grave ; il faut de suite apprendre notre doctrine, et nous faire délivrer. » Celui-ci écoute, tout étonné, se fait expliquer le comment et le pourquoi, et finit par dire : « Il paraît que tout est bien ordonné dans votre religion : elle doit être bonne ; » et il se met à apprendre le catéchisme. On espère qu’il sera baptisé sous peu.

« Une femme qui pratiquait à l’insu de son mari ne savait guère de catéchisme ; on la presse d’apprendre un peu mieux. Elle prétexte l’impossibilité où elle se trouve et les difficultés de sa position ; mais ses raisons ne sont pas admises, et on la menace du refus des sacrements. Toute désolée, elle dit : « Puisque c’est ainsi, je n’ai plus qu’un moyen, c’est d’avertir mon mari et d’essayer de le convertir. — Fais comme tu voudras. » Elle tint parole, et le mari, docile à la grâce qui le sollicitait par la bouche de sa femme, consentit à être chrétien. Ces petits détails sont mesquins en eux-mêmes ; mais pour moi il me paraît si consolant de voir tous les moyens que Dieu prend pour attirer ses élus, que j’ai cru vous faire plaisir en vous les rapportant, tels qu’ils se présentent à ma mémoire. »

Mgr Berneux, dans sa lettre au Conseil de la Propagation de la Foi, du 23 novembre 1857, résume ainsi les travaux de cette année, qu’il nomme une année de bénédictions :

« Mettant à profit cette petite paix dont on nous laisse jouir, je me suis hasardé à appeler tous mes missionnaires à la capitale, pour assister à la consécration de mon coadjuteur. C’était la première fois qu’une aussi touchante cérémonie avait lieu en Corée ; nos chrétiens eussent été heureux d’y prendre part, mais la prudence ne nous permit pas de les admettre. Malgré la tranquillité dont nous avons à rendre grâce au Seigneur, nous devons cependant user de précautions extrêmes, et ne pas nous hâter de sortir de nos catacombes. C’est donc à huis clos, et au milieu des ténèbres de la nuit, que M. Daveluy, qui depuis onze ans a rendu de si importants services à cette mission, a reçu la consécration