Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/446

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traire aux poursuites des satellites, s’enfuit sur les montagnes, abandonnant ses maisons et ses champs, tandis que d’autres familles du voisinage cherchaient leur salut dans une émigration lointaine. La persécution s’annonçait donc en grand, lorsque tout d’un coup les prisonniers sont élargis, sans apostasie, un seul excepté ; les fuyards descendent de leurs montagnes, et Monseigneur le Coadjuteur, qui avait aussi pris la fuite, rentre dans sa retraite. Marie, la Consolatrice des affligés, avait abaissé un regard de compassion sur ce petit troupeau tant de fois et si cruellement éprouvé, et l’orage s’était dissipé soudain. Les captifs ont été relâchés, tandis qu’un de leurs accusateurs, qui s’était présenté au mandarin et au commissaire royal avec une liste de cent chefs de familles chrétiennes, a été garrotté, jeté en prison et roué de coups. L’issue de cette affaire est une victoire pour nous ; victoire importante, en ce qu’elle donne du cœur à nos néophytes, et rassure les païens que la crainte seule arrête encore. Les familles qui émigrent au loin, dans ces circonstances, sont réduites à une grande misère et ont beaucoup à souffrir. Tout en compatissant à leurs épreuves, nous nous consolons dans l’espérance du bien qui en résultera. Ces émigrants portent avec eux, dans les contrées où elle n’a pas brillé encore, la lumière de l’Évangile, et nous attirent presque toujours un certain nombre de païens. C’est la semence emportée par la tempête ; déposée sur une terre inculte, elle ne tarde pas à la féconder.

« Le nombre des baptêmes d’adultes n’atteindra peut-être pas, cette année, le chiffre de l’an dernier ; cela tient à la résolution que nous avons prise d’exiger, des nouveaux convertis, plus d’instruction et une plus longue épreuve. Mais, en revanche, le nombre de nos catéchumènes a presque triplé ; près de douze cents sont inscrits sur mes listes. Nous avons tous remarqué, avec actions de grâces envers le bon Dieu, le mouvement qui se fait sentir dans tout le vicariat : la capitale surtout semble se remuer. On fait des efforts inouïs pour s’instruire ; on y est généralement plein de ferveur malgré les obstacles qu’il faut surmonter. Ce mouvement des chrétiens gagne les infidèles et déborde en dehors des murs de la ville royale. Une famille des plus nobles du royaume a embrassé la foi ; le chef de cette maison, beau-père d’un proche parent du roi actuel, a été baptisé pendant l’hiver. Bien d’autres conversions suivront celle de cette famille, si elle devient fervente. Dans la ville où résident les Japonais nous avons un catéchumène habile et plein de zèle. Huit nouvelles chrétientés se sont formées dans le district du P. T’soi,