Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et délibèrent beaucoup, mais sans savoir à quel parti s’arrêter. Pendant ce temps-là, le neveu de la reine Tcho, jeune homme âgé de vingt ans, se promenait devant la chambre du roi, cherchant lui aussi à profiter de la circonstance pour l’avantage de sa tante et de sa famille. Voyant le trouble et l’air empressé des ministres Kim, il comprit ce qui se passait, et courant à la chambre de sa tante, il lui dit : « Que faites-vous ici ? le roi est mort. — Que faire ? — Emparez-vous du sceau royal, nommez le second ministre ouon-sang, élisez tel enfant pour roi en le déclarant fils et héritier de votre défunt mari, le roi Ik-tsong. » La reine Tcho se rend en diligence dans les appartements du roi. Il venait d’expirer ; les ministres délibéraient, le sceau royal était déjà dans un pli des jupes de la reine Kim. « Qu’on me donne le sceau, » crie la reine Tcho. — « Pourquoi vous le donner ? — Qu’on me donne le sceau ; ne suis-je pas le chef de la maison ? dans toute famille il faut obéir au chef. » Ce disant, elle se jette sur la reine Kim, et lui arrache le sceau. La jeune reine, soit respect, soit étonnement, n’ose pas résister ; les ministres terrifiés par la voix impérieuse et colère de la reine, et ne pouvant porter la main sur une femme, restent ébahis et immobiles.

« La reine Tcho, une fois en possession du sceau, dit à Piong-kouk-i : « Écris ce que je vais te dicter. » Ce ministre qui croyait rêver, se met machinalement en devoir d’écrire, et la reine lui dicte les mots suivants : « Le roi dit : Le sceau royal sera remis à la reine Tcho : le trône est dévolu à Miong-pok-i, deuxième fils du prince Heung-song-koun : le ministre Tchong est nommé ouon-sang : le ministre Kim est chargé d’aller chercher le roi. » À peine Piong-kouk-i a-t-il écrit d’une main tremblante ce décret foudroyant pour sa famille, que la reine le lui prend des mains ; le ministre Tchong, mandé à la hâte, entre sur-le-champ, et remplissant ses nouvelles fonctions, lit à haute voix et promulgue le décret censé provenu du roi mort. La révolution était faite ; la reine Tcho était régente, elle avait adopté un fils, et les ministres Kim, à qui leurs tergiversations imprudentes avaient fait perdre le pouvoir, s’enfuyaient tremblants, pour cacher leur honte et se mettre en sûreté.

« Maintenant nous voici sous un enfant de douze ans, gouvernés nominalement par la reine Tcho, et, en réalité, par le père du nouveau roi, qui a eu l’adresse de s’emparer de tout le pouvoir sous le nom de la reine. Ce prince et le roi son fils ont un caractère brusque, entier, violent, avec un corps petit, frêle et cependant robuste ; tous deux ont des yeux farouches qui roulent