Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/582

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plans, relevant les diverses directions, etc… Je descendis à terre, dans l’espoir de rencontrer quelque chrétien, et d’avoir des nouvelles de mes confrères et de la persécution, mais personne n’osa nous approcher. On repartit le lendemain, et, en redescendant le fleuve, on fit de nouveaux sondages, et de nombreuses observations. Le dimanche, 30 septembre, nous avions rejoint le Primauguet et nous nous préparions à regagner les côtes de Chine, lorsqu’une barque vint nous accoster. C’était mon pilote et un des matelots qui m’avaient conduit à Tche-fou. J’appris par eux la destruction d’un navire européen échoué à Pieng-an au mois d’août, le renouvellement de la persécution, l’ordre de mettre à mort les chrétiens des provinces sans en référer à la capitale, et les perquisitions dirigées contre les prêtres. Je communiquai mes inquiétudes à l’amiral, en le priant de laisser au moins un des navires, dont la présence intimiderait le gouvernement coréen, tandis que le départ de toute la flottille amènerait certainement un redoublement de persécution. Mes représentations restèrent sans effet, et le 3 octobre, nous étions de nouveau dans le port de Tche-fou. On fit les derniers préparatifs, et nous repartîmes huit jours plus tard. »

Pendant que M. Ridel rentrait en Chine avec les navires, que devenaient les deux missionnaires restés en Corée ? La lettre suivante de M. Féron va nous l’apprendre.

« Vers les derniers jours de septembre, M. le contre-amiral Roze envoya reconnaître le chemin de la capitale. M. Calais m’avait quitté pour se rendre sur le bord de la mer, où j’avais fait préparer une barque qui devait le transporter en Chine. Informé avant moi de l’arrivée des bâtiments français, il m’écrivit pour savoir ce qu’il avait à faire. Croyant avec tout le monde que c’était une expédition définitive qui allait nous donner la liberté, je me mis aussitôt en devoir de rejoindre mon confrère. J’avais douze lieues à faire ; en chemin je fus reconnu, poursuivi, et n’échappai que par miracle. La barque n’était pas encore prête ; néanmoins nous nous jetons dedans et partons le jour même. Nous fûmes retardés par le calme, puis par un vent contraire, et nous ne pûmes atteindre que le lendemain, sur le soir, l’entrée du chenal de trois lieues de long, qu’il nous fallait prendre pour rejoindre les bâtiments français. Mais, à l’entrée du chenal, se trouve une ville dont la garde est très-sévère. Nos gens prennent peur ; nous les décidons pourtant à avancer. « Allons donc à la mort ! » disent-ils, et nous arrivons devant la ville. Une barque coréenne sortait de la passe. « Les vaisseaux barbares