Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/124

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aime un Philoſophe poli, doux, & discret. Ne donnez point un masque odieux à Philinte, pour en prêter un gracieux à Alceſte, ils perdroient tous deux à la Métamorphoſe que vous leur prescrivez : laiſſez nous voir les gens tels qu’ils ſont, & que leur pere les a faits ; & ſoiez ſûr que la Vertu ne s’oſſençera pas plus de nous voir rire d’un fou qui deffend la verité comme un Dogue, que de nous voir eſtimer la prudence, la politeſſe, & la complaiſance d’un homme qui ſe contente d’être honnête homme lui même en pardonnant aux autres leurs deffauts,

Comme vices unis à l’humaine Nature.

Sachez M. reconnoitre dans Philinte un homme vertueux, un amant raiſonnable, un ami tendre, ſincere, & conſtant : ſachez qu’un ſage à vôtre façon ſeroit une eſpece de fou tel que fut Diogêne : ſachez enfin que la Vertu loin d’exclure les qualités ſociales leur a donné l’être elle même : elle eſt donc bien éloignée de proſcrire la politeſſe, la prudence, la complaiſance & la diſcrétion, & de prendre des Ours pour ſes Avocats.

Voilà Moliére, je crois, ſuffiſamment diſculpé de vos reproches : je ne crois pas qu’aucun homme ſenſé qui lira cette réfutation, le regarde deſormais comme un Auteur dangereux : vôtre conſéquence tombe abſolument : c’eſt le ſort qu’un principe faux lui préparoit & devoit vous faire augurer.

Vous ne voulez pas faire à Dancourt l’honneur de parler de lui, je n’ay pas le cœur