Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/126

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Parturient montes, naſcetur ridiculus Mus.

La montagne en travail enfante une ſouris.

À vous entendre on diroit que Regnard a fait ſa Piéce exprès pour y introduire & légitimer tous les crimes que vous dites. Mais le ſeul reproche qu’on ait à lui faire, c’eſt que ſa Piéce n’eſt qu’amuſante, au lieu d’être inſtructive. C’eſt une farce ſurchargée de traits ſi burlesques, qu’on ne penſe pas à en tirer la morale qui en réſulte, à ſçavoir, que des Teſtateurs avares & cacochimes ſont bien fous de s’imaginer que les empreſſemens de leurs Légataires ayent d’autre principe que l’intérêt de ceux-ci. Quoique vous en diſiez, cette réflexion n’eſt pas plus difficile à faire en faveur de la Piéce, que toutes celles que vous avez imaginées contre elle & vous êtes par conſéquent le ſeul pour qui cette Piéce ait été dangereuſe. Si comme tout le monde vous euſſiez voulu voir la Piéce dans ſon véritable point de vûe, vous auriez ſenti qu’en jouant la ſcene du Gentilhomme bas Normand du ſtile & du ton de Criſpin, qu’en jouant le rôle de veuve avec des mouſtaches, un homme tant ſoit peu ſenſé tel qu’eſt Geronte ſeroit difficilement la duppe de la figure, des propos & du traveſtiſſement d’un valet fourbe & qu’un demi-quart d’heure d’entretien ne ſuffiroit pas pour convaincre un homme de ſa parenté avec deux originaux auſſi ridicules que le Gentilhomme & la veuve.

Croiez vous que deux Notaires très bien connus d’un Teſtateur, habitués d’ailleurs à