Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/13

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faites, s’ils méritent de l’être ? Je me ſuis contenté de conſulter la deſſus quelques gens éclairés, & qui connoiſſent particulierement les Paſteurs de Genêve. Ils ſont unanimement de l’avis de M. d’Alembert, & ſont très perſuadés que c’eſt un compliment qu’il a voulu faire à ces Meſſieurs. Ils n’ont pas conçu, comment vous pouviez trouver ſi mauvais qu’on attribuât à quelqu’un des opinions qu’on peut vous reprocher à vous même à ce qu’ils m’ont aſſuré, & que je m’embaraſſe fort peu que vous ayez ou non, pour vû que je détruiſe celles que vous avez ou que vous faites ſemblant d’avoir contre les Comédiens. Entrons en matiere, & trouvez bon que je vous réponde ; parlez M. je vous écoute.

Je n’aime point qu’on ait beſoin d’attacher inceſſament ſon cœur ſur la ſcene, comme s’il étoit mal à ſon aiſe au dedans de nous. La nature même a dicté la réponſe de ce Barbare à qui l’on vantoit les magnificences du Cirque & des jeux établis à Rome. Les Romains, demanda ce bon homme, n’ont ils ni femmes ni enfans ? Le Barbare avoit raiſon : oui M. ce Barbare avoit raiſon, mais vous oubliez de citer St. Chriſoſtome de qui vous tenez ce fait, & de joindre les circonſtances qu’il y ajoute : vous appellez magnificences du Cirque ce que ce Pére de l’Égliſe & le Barbare ne regardoient avec raiſon que comme des abominations. Valere Maxime vous dira, qu’on éxpoſoit ſur le Théâtre des filles nuës avec de jeunes garçons qui ſe permettoient aux yeux du peuple d’être