Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/134

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douces, plus ſoumiſes, plus compatiſſantes, plus patientes, plus ſobres que les hommes en général : elles ont des vices & des défauts j’en conviens, mais elles n’en ont aucun que nous n’aions comme elles, & nous en avons d’horribles que nous n’oſons leur reprocher.

Vous venez de les entendre nommer. Que conclure donc, ſi non que les femmes laiſſant moins échapper de marques de corruption ſont en effet moins corrompues, que leur attachement à la Vertu prouve qu’elles ſont plus raiſonnables, & qu’étant plus raiſonnables, il convient de les faire parler raiſon ? Mais c’eſt avilir nôtre ſexe, mais pourquoi s’avilit il lui même ? C’eſt rendre ſeulement juſtice aux hommes & leur apprendre, ce qui n’eſt que trop vrai, que les femmes qu’ils mépriſent, ſont plus eſtimables qu’eux.

Ce raiſonnement eſt clair & vous prouve que vous ne faites pas un grand ſacrifice, quand vous avouez que le plus charmant objet de la Nature, le plus capable d’émouvoir un cœur ſenſible & de le porter au bien eſt une femme aimable & vertueuſe : mais vous ajoutez méchamment cet Objet celeſte ! où ſe cache-t-il ? Où ? Par-tout où vous trouverez des hommes céleſtes ; par-tout où il y a des hommes ſages, des peres & meres vertueux, c’eſt là M. qu’on trouve des filles à marier ſages & vertueuſes, modeſtes & capables par leur exemple, leurs conſeils & l’amour quelles inſpirent de porter