Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

baroques : encore un coup les hommes font les femmes ce qu’elles ſont : Siſigambis & ſa Brû pleuroient en voyant un rouet & des aiguilles qu’Alexandre leur envoyoit pour filer & pour broder : pourquoi pleuroient-elles ? Parce que les Perſes indolens & voluptueux leur avoient appris à rougir du travail ; Alexandre s’honnoroit au contraire de porter une tunique tiſſue de la main de ſa mere & de ſes ſœurs : ces femmes ci tiroient donc vanité de leur adreſſe & de leur travail.

Depuis que la célébre Maratti a été admiſe à l’Academie des Arcadiens de Rome, cette Academie n’a plus manqué de Dames qui ont illuſtré ce Portique. La célébre Univerſité de Bologne voit ſans étonnement, mais avec plaiſir, l’illuſtre Signora Laura, Baſſi, Verati, remplir avec la plus grande capacité une de ſes chaires de Philoſophie & de Mathématiques.

La Signora de Cantelli petite fille du célébre Jaques de Cantelli ſi célébre parmi les Géographes d’Italie & l’épouſe de mon illuſtre ami M. de Tagliazucchi Poëte Italien de ſa Majeſté le Roi de Pruſſe, prouve à Berlin comme elle l’a fait à Rome dans l’Arcadie, que les femmes peuvent réuſſir dans les arts & les ſciences auſſi parfaitement que les hommes.

Que diriez vous M. ſi vous voiez cette Dame unir au talent de la Peinture qui l’a fait recevoir dans l’Academie de Bologne, celui de la Poëſie qui l’a fait recevoir dans celle de