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L. H. DANCOURT

qua point les ſpectacles parce qu’on étoit convaincu qu’ils étoient bons en eux mêmes ; on attaqua ſeulement l’abus qu’on faiſoit d’une bonne choſe. Les remédes pris à propos ſont utiles, appliqués ou pris ſans raiſon, ils ſe convertiſſent en poiſons ; qu’on ceſſe donc d’oppoſer à l’honneur des Comédiens, des réglemens devenus injuſtes puiſque la cauſe qui les dicta ne ſubſiſte plus. Qu’on ſe garde bien en même tems, de leur donner une trop haute opinion d’eux mêmes ; qu’on les conſidere, qu’on les eſtime , qu’on les accueille ; mais ſans les carreſſer exceſſivement : qu’on les traite ſeulement comme on traite les honnêtes gens, avec diſtinction mais ſans entouſiasme : alors on ne verra pas des mœurs moins pures ſur le Théatre, que dans tous les autres états de la Société, ſur-tout ſi l’on ſoutient avec vigueur les regles que je viens d’indiquer. Il s’en faut bien qu’elles ſoient auſſi difficiles à faire exécuter que la loi preſcrite contre les Duels. Il eſt bien difficile de détruire une opinion univerſellement reçuë comme un ſentiment de vertu ; opinion ſi enracinée qu’on rougiroit de ne pas la ſuivre, quoiqu’on en ſente toute l’abſurdité. La loi contre les Duels n’eſt pour ainſi dire qu’une demie loi, & vous le démontrez ; au lieu qu’il ne manque rien aux regles que je preſcris au Théatre pour y établir le bon ordre & le rendre reſpectable. À l’égard des Duels, il ne s’agiſſoit pas ſeulement d’empêcher de ſe battre, il s’agiſſoit d’empêcher en même