Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/231

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être accompagnée de certaines circonſtances que ſa prudence lui faiſoit juger néceſſaires, au lieu que l’ivreſſe l’aveuglant ſur les dangers de l’entrepriſe, ſa témerité lui fait tenter avec ſuccès ce qu’un homme à jeun n’auroit pas oſé tenter.

Voilà M. les inconveniens qui peuvent reſulter de vos Cercles de médiſance & d’ivrognerie. Vos fêtes publiques ennuieront à la fin ; vos exercices ne peuvent être des amuſemens journaliers pour des gens accablés dejà de fatigue par leurs travaux ordinaires. Vos cercles masculins ou feminins, comme je viens de vous le démontrer, ſont d’une très dangereuſe conſéquence. Quoi de plus ſage que de leur ſubſtituer le ſpectacle ; car en ſuppoſant que quelques jeunes ſpectateurs en abuſent, comme ils abuſeroient des meilleurs choſes, & qu’au lieu d’écouter Zaïre, ils ne faſſent qu’une attention luxurieuſe à ſes charmes, ils ne pécheront au moins que par penſées, mais dans vos Cercles ont eſt expoſé à pécher par penſées, par paroles , par actions & par omiſſion.

Par penſées, parce que pour égaler la compagnie on tâche de ſe rappeller de bons contes ; & qu’on réflechit ſur la façon dont on les rendra plus piquants par l’indécence des images, & l’addition de quelques réflexions poliſſonnes.

Par paroles, parce que les gens ivres ne ſont pas délicats ſur le choix des termes : les plus durs, les plus impolis, les plus gros-