Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/158

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CHANT XIV


ARGUMENT


Troisième donjon, dans lequel sont punies trois sortes de violences. Celle contre Dieu, ou l’impiété ; celle contre nature, ou la sodomie ; et celle contre la société, ou bien l’usure. — Description du supplice des impies. — Allégorie sur le temps et sur les fleuves d’Enfer.


L’arbuste achevait son récit d’une voix plus faible ; et moi, que l’amour de la patrie et la compassion déchiraient à la fois, je me hâtai de rassembler autour de lui ses membres épars.

Ensuite je marchai sur les pas de mon guide, vers les confins où se termine la forêt.

C’est là que l’éternelle justice prend des formes nouvelles et plus effrayantes : là, notre vue s’égara dans une terre désolée, où le ciel avait éteint tout germe de vie ; des sables arides et profonds en remplissaient l’étendue, tels qu’ils s’offrirent à Caton dans la brûlante Libye.

Nous avancions sur ces stériles bords, en côtoyant la forêt qui, après avoir baigné son premier contour dans le fleuve de sang, forme avec ses derniers troncs la hideuse ceinture de cette plage nue et déserte.

Ô vengeance du ciel ! de quel effroi le spectacle que tu m’offres va remplir l’âme de mes lecteurs ! J’ai vu la foule innombrable des âmes dispersées dans ces régions : mon oreille