Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/182

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CHANT XVII


ARGUMENT


Description du monstre de la fraude, nommé Gérion. — Il porte les deux poëtes sur son dos au fond du huitième cercle : mais avant de quitter le septième, Dante jette un coup d’œil sur ce qui lui reste à voir dans le troisième donjon, et y trouve les usuriers, qu’il nomme violents contre la société.


— Voici le monstre qui darde une queue acérée, qui franchit les monts, infecte les siècles et les climats, et renverse le vaillant et le fort [1].

Après ces paroles, mon guide, étendant la main, fit signe au monstre de s’approcher des lieux où nous étions ; et ce vivant symbole de la fraude s’avança d’abord sur les rochers, en découvrant son buste, tandis que sa queue flottait encore au fond du gouffre. Son visage était le paisible emblème du juste ; mais le reste de son corps se terminait en serpent. Deux griffes velues sortaient de ses épaules. Les vives couleurs qui peignaient sa poitrine et les anneaux décroissants de sa longue croupe offraient plus de variétés que les tapis de l’Orient ou que les toiles d’Arachné. Comme on voit la barque hors des flots reposer sa proue sur le rivage ; ou le Castor à demi plongé dans l’onde se partager entre deux