Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/22

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se trouva à la bataille de Campaldino, que les Florentins livrèrent aux Gibelins d’Arrezzo et qui fut une des plus sanglantes. On voit encore, dans les histoires du temps, qu’il contribua par sa valeur à la victoire de Caprona, remportée aussi par les Florentins sur les républicains de Pise.

Un peu de calme ayant succédé à tant d’orages, le poëte en profita pour se livrer à son goût pour les lettres et aux charmes d’un amour heureux. Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.

Dante se maria en 1291, et eut plusieurs enfants ; mais il ne trouva pas le bonheur avec sa femme et fut contraint de l’abandonner. Le dessin, la musique et la poésie le consolèrent et partagèrent ses moments, jusqu’à ce qu’il devint homme public, en 1300 : c’est là l’époque de tous ses malheurs. Il était âgé de trente-cinq ans lorsqu’il fut nommé prieur de la république, dignité qui revient à celle des anciens décemvirs. Mais les prieurs n’étaient qu’au nombre de huit. Ces magistrats, malgré leur autorité violente, ne tenaient pas d’une main ferme le gouvernail de l’État, puisque, outre les querelles du sacerdoce et de