Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/41

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diens ont remplacé les génies, avec cette différence, qu’ils ne s’occupent plus de nous après la mort.

Il se présente ici une question. Était-ce l’ombre qui la première donnait au corps sa forme et au visage ses traits ? ou bien ne gardait-elle l’apparence du corps que par les longues habitudes qu’ils avaient eues ensemble ?

L’antiquité pensait que l’ombre était d’abord façonnée sous la figure humaine ; que cette créature légère errait longtemps sur les bords du Léthé, avec les traits et le costume du personnage qu’elle devait un jour habiter ; et qu’elle cachait l’âme ou le souffle de vie dans sa substance. La Genèse, en disant que Dieu fit l’homme à son image, semble indiquer aussi cette première portion de l’homme. On pourrait conclure de là que l’âme avait deux enveloppes : cachée d’abord dans l’ombre qui avait la figure humaine, elle formait un homme intérieur, sur qui se moulait l’homme extérieur, c’est-à-dire le corps.

C’est de toutes ces idées qu’est dérivée une expression, admirable pour l’énergie, et qui n’aurait pas de sens si on rejetait ce que nous avons dit. On la trouve chez les Latins : Mens informat corpus ; et chez les Italiens, la mente informa il corpo. Elle est peu usitée dans notre langue ; et cepen-