Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/77

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Cependant une voix se fit entendre : Honneur à l’illustre poëte dont les mânes reviennent parmi nous ! et j’aperçus en même temps quatre personnages qui s’avançaient, et dont l’aspect n’avait rien de joyeux ni de triste.

— Regarde, me dit l’ombre romaine, celui qui marche le premier ; il porte un glaive d’une main [2], et semble le chef des trois autres : c’est Homère, prince des poëtes ; Horace le suit ; Ovide vient ensuite, et Lucain marche après lui. Au nom de poëte, que tu as entendu, ils accourent vers moi, pour honorer ce titre, que je partage avec eux.

Je vis alors cette illustre famille se rassembler sous le père de l’Épopée, qui, tel qu’un aigle sublime, déploie son vol sur leurs têtes. Après quelques moments d’entretien, ils courbèrent vers moi leurs fronts vénérables, et me donnèrent leur paisible salut ; mon guide l’accompagna d’un sourire, et bientôt, pour m’honorer davantage, ils me reçurent dans leur immortelle société.

Ainsi réunis, nous marchions aux lieux resplendissants, et nos discours roulaient sur des mystères que ma langue ne peut arracher au secret des ombres.

Nous atteignîmes ensemble le pied d’un château majestueux, qu’une haute muraille environnait sept fois, et dont les contours étaient baignés de claires fontaines.

Après les avoir franchies d’une marche lé-