Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[6] C’est-à-dire à Ravenne, qui est à l’embouchure du Pô.

[7] En montrant son amant.

[8] Puisque c’était un amour incestueux.

[9] Le roman de Lancelot du Lac était alors le bréviaire des amants, le livre à la mode. Ce roman est plein de peintures très-vives et très-libres des bonnes fortunes de Lancelot : on n’a qu’à voir le chapitre de la reine Ginevre, qui servit peut-être de texte à nos deux amants. Ce fut un chevalier nommé Gallehaut qui servit d’entremetteur d’amour entre cette princesse et Lancelot : à quoi Françoise d’Arimino fait allusion à la fin de son récit, en disant que ce livre fut un autre Gallehaut pour elle et son amant.

Le style mélancolique et plein d’amertume dont Dante raconte les amours et la mort de la princesse d’Arimino, nous doit bien faire regretter que ce grand poëte ait été si avare de pareils épisodes. Quel poëme serait-ce que le sien si, moins pressé d’inventer et de décrire des supplices, il eût voulu plus fréquemment reposer son lecteur sur des aventures si attachantes. Le langage des passions et l’art de raconter mettront toujours un homme au premier rang, tandis que le style descriptif, comme plus facile, ne doit prétendre qu’à la seconde place. Si Dante eût songé à réparer le malheur de son sujet par la fréquence des épisodes, il lutterait aujourd’hui avec plus de bonheur contre Homère et Milton, Tasse et Virgile. Mais il court de descriptions en descriptions vers un dénoûment topographique : là où manque le local, finit le poëme. Aussi ne serait-il qu’au second rang, quoiqu’il soit le créateur d’une langue et le restaurateur de l’Épopée en Europe, si quelques épisodes épars dans son Enfer ne nous eussent décelé sa supériorité.

Je fus d’abord frappé de la couleur que donne à ce cinquième Chant l’aventure de Françoise d’Arimino. Pour ne pas la lui faire perdre, et lui conserver en même temps son goût de vétusté, j’ai employé une