Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/135

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de la famille des Pazzi qui en avait tué un autre de celle des Uberti.

[10] Carlin, aussi de la famille des Pazzi, avait trahi la confiance des Gibelins en livrant un château aux Guelfes de Florence.

[11] Le poëte passe avec son guide vers le giron dit d’Anténor, prince troyen, qui fut soupçonné d’avoir livré la ville de Troie aux Grecs. Horace dit qu’il avait seulement conseillé de leur rendre Hélène, afin de couper la guerre dans sa racine ; et il se peut bien que Pâris ait trouvé que c’était là le conseil d’un traître ; mais Dante n’aurait pas dû le damner si légèrement. On est tenté de dire, en voyant sa prédilection pour tout ce qui concerne Troie, que ce poëte, persuadé d’ailleurs qu’il descendait des anciens Romains, n’était pas éloigné de se croire un peu de sang troyen dans les veines. C’est ainsi qu’à la renaissance des lettres, Ronsard et quelques autres crurent ne pouvoir chanter les rois de France qu’en leur donnant un peu du sang d’Hector, afin, pour ainsi dire, de les rendre épiques : tant Homère et Virgile avaient ouvert et fermé pour eux les sources de l’intérêt et du merveilleux ! Il y a seulement cette différence, que Dante était un poëte républicain, et que, s’étant fait le héros de son poëme, il s’en est appliqué tout le merveilleux et l’intérêt.

[12] Celui qui crie et qui est nommé plus bas était un Florentin de la famille des Abatti, appelé Bocca. Dans la bataille de Montaperti, où 4,000 Guelfes furent massacrés sur les bords de l’Arbia (comme on a vu aux notes du chant X, sur Farinat), ce Bocca, gagné par l’argent des Gibelins, s’approcha de celui qui portait l’étendard, et lui coupa la main ; les Guelfes, ne voyant plus leur étendard, se mirent en fuite et furent massacrés. Il a raison de craindre que tout Florentin ne veuille se venger de cette horrible trahison.

[13] Parce qu’en effet, quoique tout homme eût le droit de punir un traître, il semble qu’étant sous la main de la justice divine, il en devienne comme sacré ;