Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/71

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est inutile de faire observer combien Dante s’est élevé dans ces XXIVe et XXVe chants.

[9] Puccio Sciancato, autre Florentin.

[10] Il se nommait Guercio Cavalcante et fut tué par les habitants de Gaville, terre située sur les bords de l’Arno. Les amis de Cavalcante vengèrent sa mort en massacrant les habitants de Gaville. On voit que c’est lui qui vient de passer de l’état de serpent à celui d’homme ; aussi fait-il deux actes d’homme en crachant et en parlant, aussitôt après sa métamorphose.

Il y a des esprits chagrins et dénués d’imagination, censeurs de tout, exempts de rien produire, qui sont fâchés qu’on ne se soit pas appesanti davantage sur le mot à mot dans cette traduction ; ils se plaignent qu’on ait toujours cherché à réunir la précision et l’harmonie, et que donnant sans cesse à Dante on soit si souvent plus court que lui. Mais ne les a-t-on pas prévenus au Discours préliminaire, que si le poëte fournit les dessins, il faut aussi lui fournir les couleurs ? Ne peuvent-ils pas recourir au texte ? et, s’ils ne l’entendent pas, que leur importe ? Je leur demande si on eut beaucoup fait pour la gloire de Dante et le plaisir des lecteurs en traduisant à la lettre ce passage du XVIIIe chant : Ah ! comme ces démons leur faisaient lever les jambes à coups de fouet ! aucun de ces malheureux n’attendait le second coup, encore moins le troisième ; et une foule d’autres passages aussi heureux ?

Croira-t-on, par exemple, qu’il s’est trouvé des gens qui n’ont pu passer trois rimes féminines de suite aux trois premiers vers de l’inscription de l’Enfer ? Comme s’ils ne sentaient pas ce que produit cette heureuse monotonie ! comme si Racine n’avait pas employé le même artifice dans le monologue du grand-prêtre Joad !

Aux accents de ma voix, Terre, prête l’oreille,
Ne dis plus, ô Jacob ? que ton Seigneur sommeille :
Pécheurs, disparaissez : le Seigneur se réveille.