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INTRODUCTION.

que s’arrêtait à la simple lettre. Et Dante lui-même n’en a-t-il pas averti ses lecteurs ?

« Vous qui avez l’intelligence saine, regardez la doctrine qui se cache sous le voile des vers étranges. »

Quelle doctrine ? Il laisse à chacun le soin de la découvrir. Mais ailleurs, mais plus tard, près de mourir au sein de l’exil, il explique clairement le but de son œuvre :

« Parcourant les sphères, les bords du Phlégéton et des lacs, j’ai chanté les droits de la monarchie, autant que l’ont voulu les destins[1]

Suivez, en effet, le Poëte à travers ces régions mystérieuses, partout apparaissent en opposition Rome et l’Empire, celui-ci type du bien, celle-là type du mal sur la terre, de sorte néanmoins que de ce contraste il ne ressorte rien d’hostile à l’autorité purement spirituelle des Pontifes romains, que Dante, en cela différent de beaucoup d’autres adversaires de la papauté à cette époque, respectait sincèrement. Mais nul plus que lui n’abhorrait la domination temporelle de Rome, destructive en ce qui constituait, selon lui, le droit fondamental, le droit divin de la société, ou le Pouvoir impérial, duquel dépendait la paix et la félicité du monde. Aussi, à ses yeux, le plus grand des crimes était-il d’attaquer ce Pouvoir nécessaire. Voilà pour-


  1. « Jura Monarchiæ, superos, Phlegetonta, lacusque
    Lustrando, cocini, voluerunt fata quousque. »