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INTRODUCTION.

récompense. Mais si la souffrance était éternelle, la maladie dont elle est la suite le serait aussi, par conséquent le mal moral, et ce mal éternel constituerait, en opposition au principe du bien, au bon Principe, le principe mauvais des systèmes dualistes. On serait forcé de le concevoir comme indépendant, comme subsistant de soi, ou d’admettre quelque chose de plus monstrueux encore, car s’il n’était pas de soi, s’il dépendait de la volonté divine, Dieu serait l’auteur direct du mal.

Dans toutes les phases de son évolution, il faut, pour que l’homme soit, qu’il se compose d’esprit et de corps. Si, dans l’une de ces phases, l’esprit seul subsistait, ce ne serait plus le même être, ce ne serait plus même un être, mais, hors du monde des êtres réels, une simple idée divine.

La perpétuité de la vie implique donc la continuité de l’être vivant, sous des conditions corporelles d’existence, il est vrai, diverses, mais néanmoins toujours en harmonie avec sa nature, et déterminées par elle. Ainsi, les conditions de la vie de l’enfant dans le sein de sa mère diffèrent profondément des conditions de la vie de l’homme en rapport immédiat, par ses sens et par son action, avec le monde extérieur où il se développe ; et cependant l’homme et l’enfant sont le même être, leur vie est la même vie, leurs lois sont les mêmes lois. Entre l’état présent et l’état futur, entre les deux phases d’existence dont ce qu’on appelle