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INTRODUCTION.

ne retourna vivant de ses profondeurs, sans crainte d’infamie je te réponds :

« Je fus homme d’armes, et puis cordelier, croyant, en me ceignant ainsi, expier mes fautes, et certes il en aurait été entièrement comme je le croyais,

« N’eût été le Grand-Prêtre[1], à qui mal en prenne, qui me replongea dans mes premiers méfaits : comment et pourquoi, je veux que tu l’entendes.

« Pendant que je fus la forme d’os et de chair que ma mère me donna, mes œuvres ne furent pas d’un lion, mais d’un renard ;

« Les sourdes pratiques et les voies couvertes je les sus toutes, tellement que le bruit en parvint jusqu’au bout de la terre.

« Quand je fus arrivé à ce point de mon âge où chacun devrait abaisser les voiles et serrer les cordages,

« Ce qui premièrement me plaisait, alors me pesa ; repentant et confès je me fis : et bien, hélas ! m’en serais-je trouvé, pauvre misérable !

« Le Prince des nouveaux Pharisiens avait la guerre près de Latran[2], et ni avec les Sarrasins ni avec les Juifs ;

« Étaient chrétiens tous ses ennemis, et aucun n’a-

  1. Boniface VIII.
  2. Avec les Colonne qui habitaient près de Saint-Jean-de-Latran, et à qui appartenait la ville fortifiée de Palestrina, dans le voisinage de Rome.