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CHANT TROISIÈME.

7. Et ayant posé sa main sur la mienne, d’un visage serein qui me ranima, il m’introduisit au dedans des choses secrètes.

8. Là, dans l’air sans astres, bruissaient des soupirs, des plaintes, de profonds gémissements, tels qu’au commencement j’en pleurai.

9. Des cris divers, d’horribles langages, des paroles de douleur, des accents de colère, des voix hautes et rauques, et avec elles un bruit de mains,

10. Faisaient un fracas qui, dans cet air à jamais ténébreux, sans cesse tournoie, comme le sable roulé par un tourbillon.

11. Et moi, dont la tête était ceinte d’erreur 1, je dis : — Maître, qu’entends-je ? et quels sont ceux-là qui paraissent plongés si avant dans le deuil ?

12. Et lui à moi : « Cet état misérable est celui des tristes âmes qui vécurent sans infamie ni louange.

13. « Mêlées elles sont à la troupe abjecte de ces anges qui ne furent ni rebelles, ni fidèles à Dieu, mais furent pour soi.

14. « Le ciel les rejette, pour qu’ils n’altèrent point sa beauté ; et ne les reçoit pas le profond enfer, parce que les damnés tireraient d’eux quelque gloire 2.