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CHANT DIXIÈME.

7. Et moi : — Bon maître, si je ne te découvre pas tout mon cœur, c’est pour être bref comme déjà auparavant tu m’y as induit.

8. « O Toscan, qui t’en vas, vivant, par la cité du feu ainsi sagement parlant, qu’il te plaise t’arrêter en ce lieu !

9. « Ton langage montre que tu es né dans cette noble patrie 2 à laquelle peut-être fus-je trop rude. »

10. Subitement cette voix sortit d’une des tombes : de quoi effrayé, je me rapprochai un peu de mon Guide.

11. Et lui me dit : « Que fais-tu ? Tourne-toi. Vois là Farinata qui s’est levé : tu le verras tout entier de la ceinture en haut. »

12. J’avais déjà mes yeux fixés sur les siens, et lui de la poitrine et du front se dressait, comme s’il eût eu l’enfer à grand mépris.

13. Les mains promptes et hardies du Maître me poussèrent vers lui à travers les sépulcres, disant : « Que tes paroles soient nettes 3 ! »

14. Et quand je fus au pied de sa tombe, il me regarda un peu, puis d’un air hautain me demanda : « Qui furent tes ancêtres ? »

15. Moi qui d’obéir étais désireux, je ne les lui célai point, mais je les nommai tous : sur quoi il éleva un peu les sourcils,