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L’ENFER.

7. Nous entendîmes ces mots : « O toi, à qui ma voix s’adresse, et qui parlais tout à l’heure lombard, disant : — Maintenant, va ! de toi je ne désire rien de plus.

8. « Quoique un peu tard peut-être je sois venu, qu’il ne te déplaise de t’arrêter et de parler avec moi ; vois, à moi cela ne déplaît, et je brûle.

9. « Si récemment dans ce monde aveugle tu es tombé de cette douce terre latine, d’où j’ai apporté toute ma coulpe,

10. « Dis-moi si les Romagnols ont la paix ou la guerre ; car je fus des monts, là, entre Urbino et la montagne d’où sort le Tibre [3]. »

11. J’étais encore baissé et regardais en bas, lorsque mon Guide me toucha le côté, disant : « Parle, toi ; celui-ci est Latin. ».

12. Et moi, qui avais déjà la réponse prête, sans retard je commençai de parler : — O âme là-dessous cachée,

13. La Romagne n’est ni ne fut jamais sans guerre dans le cœur de ses tyrans ; mais d’ouverte, aucune n’y ai-je laissée.

14. Ravenne est ce qu’elle a été depuis maintes années ; là couve l’aigle de Polenta [4], recouvrant Cervia de ses ailes.

15. La cité [5] qui jadis soutint la longue épreuve, et de Français fit un monceau sanglant, est toujours sous les pattes vertes [6] ;