Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
INTRODUCTION.

à ramener la théorie à des applications pratiques. Les papes et les empereurs se disputaient l’Italie, en proie à une guerre civile permanente par l’opposition réciproque des deux grands partis guelfe et gibelin, que divisaient encore en eux-mêmes les intérêts particuliers des différents États, et, dans chaque État, les rivalités de factions, de classes, de familles, pour la possession du gouvernement, dont la forme, sans cesse modifiée selon les intérêts qui prévalaient momentanément, n’offrait rien de stable. Tour à tour vainqueurs et vaincus dans ces luttes intestines, qui rarement se terminaient sans des conflits sanglants, les partis, par leur triomphe même, préparaient leur défaite future, inévitable suite de l’oppression et des proscriptions. Le lendemain de chaque victoire les routes se couvraient de bannis ardents à la vengeance, en épiant le jour, et le trouvant tôt ou tard.

Mais le pire effet de ces dissensions était de rendre l’exercice de la justice impossible, les passions de parti se substituant au droit et à l’équité impartiale : ce qui obligea, chose inouïe ! à appeler du dehors des étrangers pour remplir une fonction inhérente au pouvoir public en toute société. De là l’institution des Podestats, faible remède au mal qu’on cherchait à guérir ; car trop souvent le Podestat, acheté par un parti, en devenait l’instrument le plus dangereux. Néanmoins, malgré tant de désordres et tant de souf-