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INTRODUCTION.

magne, et passa de lui chez les Allemands. Les droits respectifs n’ayant point été et n’ayant pu être originairement définis, ils devinrent bientôt une cause permanente de discordes et de conflits. L’empereur, d’abord, s’attribua le pouvoir de confirmer, à la mort des pontifes, l’élection de leurs successeurs. Plus tard, les pontifes réclamèrent celui de confirmer l’élection de l’empereur. De part et d’autre on se disputait la souveraineté. Le pape serait-il, au temporel, dépendant de l’empereur ? l’empereur serait-il dépendant du pape ? Ce fut pour résoudre cette question, qui ne fut jamais résolue en droit, qu’une guerre de trois siècles désola les plus belles contrées de l’Europe.

Confinés au centre de l’Italie, les papes craignaient toujours d’y voir naître une puissance assez forte pour mettre en danger leurs possessions. D’où leur attention continuelle à prévenir la formation d’une pareille puissance, soit par l’exercice libre du pouvoir impérial, soit par la conquête étrangère, soit par la prépondérance d’un des nombreux États entre lesquels l’Italie était partagée. Nécessité dès lors d’entretenir parmi eux la division, d’exciter leurs défiances mutuelles, leur ambition même au besoin ; de nouer, à l’aide de traités menteurs, des ligues dissoutes par d’autres ligues, sitôt que le succès faisait présager un vainqueur. De là une politique versatile, de ruse et de fourberie, qui altéra profondément le sens moral des