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CHANT PREMIER.

30. « Maintenant que sa demeure est de l’autre côté du fleuve maudit [9], elle ne saurait plus m’émouvoir, à cause de la loi qui me fut imposée, lorsque j’en sortis [10].

31. « Mais si du ciel une Dame te meut et te régit, comme tu le dis, pas n’est besoin de flatteries ; il suffit bien que par elle tu me requerres.

32. « Va donc, et ceins deux fois celui-ci d’un jonc uni, et lave-lui le visage, de sorte que de toute souillure il soit nettoyé ;

33. « Car il ne conviendrait pas de paraître, les yeux ternis d’aucun brouillard, devant le premier ministre, lequel est de ceux du Paradis.

34. « Cette petite île, basse tout autour, là-dessous où la bat l’onde, porte des joncs sur son humide limon.

35. « Nulle autre plante, qui pousse des feuilles ou se durcisse, n’y peut vivre, parce qu’elle ne ploie pas à la vague qui la frappe.

36. « Que votre retour ensuite ne soit pas par ici : le soleil qui surgit vous montrera, dans la montagne, un sentier plus facile. »

37. Alors il disparut, et moi je me levai sans parler, et me serrai contre mon Guide, et sur lui j’attachai mes yeux.

38. Il commença : — Mon fils, suis mes pas ; retournons en arrière, car cette plage va s’abaissant d’ici jusqu’au fond où elle se termine.