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CHANT TROISIÈME.

7. Aussitôt que je les aperçus, pensant que ce fussent des figures peintes en un miroir, pour voir de qui elles étaient je tournai les yeux ;

8. Et je ne vis rien, et je les ramenai en avant dans la lumière dont brillaient les yeux saints de mon doux Guide, qui souriait.

9. « Ne t’étonne point, » me dit-elle, « que je sourie de ton penser puéril, puisque tu n’appuies pas encore le pied sur le vrai,

10. « Mais te tournes vainement ici et là, selon ta coutume. Ce que tu vois, ce sont de vraies substances, ici reléguées pour rupture de vœu.

11. « Parle-leur donc, et écoute, et crois, la véridique lumière qui les satisfait ne permettant pas que leurs pieds se détournent d’elle. »

12. Et moi, à l’ombre qui de discourir paraissait la plus désireuse, je m’adressai, et je commençai, comme un homme que trouble un trop vif désir :

13. — O esprit élu, qui, aux rayons de l’éternelle vie, sens la douceur qu’on ne peut comprendre si on ne l’a goûtée,

14. À grâce il me sera, si tu m’apprends ton nom et quel est votre sort. — Sur quoi elle, prompte et d’un œil riant :