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XCVII
INTRODUCTION.

plus riches attributs, éternelle, bonne et puissante, et en trois personnes non pas séparées, ni divisées, mais distinctes et inconfuses. Saint Denys avait traité ces deux points du dogme catholique dans son livre spécial des Institutions Théologiques, lequel ne nous est point parvenu. Toutefois le livre des Noms divins, quoique destiné particulièrement à nous faire savoir ce que Dieu a communiqué aux créatures, ne pouvait totalement omettre ce que Dieu est en lui-même. C’est donc de là que nous extrayons la doctrine qui suit :

Ce qui se conçoit comme antérieur à tout, c’est l’être ; car l’être est le fond sur lequel repose toute propriété. Il est vrai que, si l’on considère Dieu par rapport aux créatures, la bonté apparaît comme le premier de ses attributs : car les choses étant possibles, avant d’être produites, et la production n’étant qu’une communication de l’être déterminée par la bonté, il s’ensuit que la bonté qui détermine la production est antérieure à l’être communiqué. Ainsi, en partant de la création, le plus fondamental, le dernier des attributs auquel on arriverait par l’analyse, c’est la bonté. Mais il s’agit ici de concevoir Dieu, non pas encore dans ses œuvres, mais bien en lui-même. Or, ce qu’il y a de plus profond, de plus général, de plus indépendant et de plus absolu, si on peut le dire, dans Dieu et dans quoi que ce soit, c’est l’être assurément. Logiquement on est, avant d’être de telle façon. Aussi Dieu, ayant daigné se faire précepteur de l’humanité, nous a-t-il appris par Moïse que son vrai nom est l’Être : Je suis celui qui suis ; tellement que les créatures n’ayant qu’un être d’emprunt ne méritent vraiment pas le nom glorieux d’être. C’est donc ce double aspect qu’il faut envisager en Dieu pour comprendre ce que saint Denys, après les platoniciens, affirme quelquefois de l’antériorité du bien, et quelquefois de l’antériorité de l’être.

Mais tout ce qui est, a une raison d’être ; et autant elle est large et puissante, autant l’être a d’extension et d’in-