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XCIX
INTRODUCTION.

lui. Ces explications et ces restrictions données et comprises, nous osons appeler Dieu du nom des choses que notre intelligence connaît.

Or toutes choses se présentent à nous sous la raison d’unité, soit que l’on considère en général la totalité des êtres, soit que l’on considère à part chacun d’eux : car chaque propriété réside en une substance qu’elle constitue, et chaque être entre dans l’universalité qu’il complète. L’unité supposée, les attributs qu’elle supporte et qu’elle possède, se résument assez bien en force, beauté et bonté : toutes choses qui doivent s’entendre d’une manière relative et analogue aux différentes espèces d’êtres.

Tout ce que le langage humain peut affirmer de Dieu, sera donc compris sous cette quadruple dénomination.

Dieu est donc Un. Le Un est absolu, éternel, indivisible. L’unité qui brille dans les créatures n’est qu’un faible rayonnement de cet Un ineffable ; mais il y a une différence incommensurable entre le Un incréé et l’unité créée. Unes, quand on les prend individuellement ; unes, quand on les considère dans leur totalité, les choses ne sont véritablement unes sous ce double rapport, que par leur participation à l’Un essentiellement simple ; et si cette empreinte d’unité que portent les choses venait à disparaître, les choses elles-mêmes s’anéantiraient : tant est puissante l’unité !

Dieu est force, d’abord parce que éternellement il possède en lui toute puissance à un éminent degré ; ensuite parce qu’il a produit et qu’il maintient toutes choses. Ainsi il dépasse toute force soit réelle, soit imaginable. On ne peut ni exprimer, ni connaître la vigueur extraordinaire de cette puissance qui conserverait encore toute sa fécondité et toute son énergie, lors même qu’elle se serait exercée de mille manières à la production de mondes infinis. Tout ce qui existe vient de lui ; même le possible a sa raison en lui. Sa force éclate en ce qu’il étreint et protège toutes choses par une sorte d’inexprimable embrassement : il tempère et harmonise entre eux