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XIII
INTRODUCTION.

mons mieux suivre la foule immense des écrivains catholiques que ce batave indécis dont on n’a pu constater précisément la physionomie religieuse.

Érasme et Laurent Valle, son acrimonieux contemporain, affirment que, tout aréopagite qu’on le suppose, saint Denys ne connaissait nullement la philosophie. Sans doute on pouvait faire partie de l’Aréopage, on peut même s’appeler Laurent Valle sans être éminent philosophe. Mais il faut avouer aussi que le titre d’aréopagite n’implique pas nécessairement l’idiotisme. L’antiquité tout entière admira l’Aréopage ; Cicéron dit que rien n’est plus constant, ferme et sévère que l’Aréopage ; et ailleurs, que l’Aréopage est la providence d’Athènes, comme Dieu est la providence de l’univers : Negare hunc mundum providentiâ regi, idem est ac si quis dicat Athenas sine Areopagitis regi consilio[1]. Si donc des conjectures grandement probables faisaient conclure que le président de ce tribunal renommé laissa quelques écrits empreints des doctrines philosophiques de son temps, faudrait-il crier de suite à la supposition, et invoquer son titre de magistrat comme une fin de non-recevoir ? Cela ne semble pas logique ; et même après les critiques de la renaissance, on peut croire sans absurdité que saint Denys ne fut pas étranger à la philosophie.

Le ministre protestant Scultet s’est livré à des recherches multipliées, je ne dis pas consciencieuses, sur la question qui nous occupe. Or il a découvert

Labor improbus omnia !. . . . . 


que saint Paul, déclarant ineffables les choses qu’il avait entrevues[2], voulait précisément parler de la hiérarchie céleste, dont saint Denys trahit le secret dans ses livres. Ce Scultet avait une large manière d’interpréter les Écritures. Il a découvert que saint Irénée (Hæres., lib. ii,

  1. Lib. i, ad Attic. Epist. 2 ; de Nat. Deor., lib. ii, no 40.
  2. II. Cor., 12, 4.