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INTRODUCTION.

d’abord pourquoi elles furent accueillies. Ensuite on n’échappe pas, même on n’essaie pas de se soustraire aux idées qui sont devenues des convictions publiques, et qui forment ainsi l’atmosphère où respirent et vivent les intelligences particulières. Le moyen âge n’a pu songer à faire abstraction de saint Denys, de même qu’il ne saurait venir en pensée à aucun théologien d’aujourd’hui de faire abstraction de saint Thomas. Nous sommes donc partis de l’époque où apparaissent les œuvres de l’Aréopagite ; nous en avons suivi la trace au travers des siècles et constaté la présence au milieu des sociétés qui tenaient le sceptre des idées et de la civilisation. Dans cet accueil qui fut fait à notre écrivain, dans ces études et ces imitations dont il devint l’objet, nous avons vu le triomphe de son mérite et la preuve de son influence. C’est comme un fleuve dont nous avons rencontré la source : voyageur tenté par la beauté de ses eaux, nous les avons suivies à travers de nombreux royaumes. Elles ne conservent pas toujours la même couleur ni le même volume, à cause des terrains variés qu’elles arrosent et des rivières dont leur cours se grossit. Mais cela ne nous empêche pas de faire honneur au fleuve de la verdure et de la fécondité qui embellissent ses rives ; et, parvenus à son embouchure, nous disons que ses flots roulent au sein des vastes mers, quoique l’œil ne puisse bientôt plus les y distinguer.

Et maintenant laissons parler notre auteur. Si cette Introduction pouvait réconcilier quelques esprits avec saint Denys l’Aréopagite et lui faire restituer une gloire dont il fut, selon nous, injustement déshérité ; si surtout elle pouvait incliner quelques esprits à lire ses œuvres, à étudier et aimer les doctrines élevées qu’elles renferment, notre désir ne serait pas trahi. Nous aurions remporté une double victoire sur les tendances de cette critique partiale et étroite qu’on applique depuis trois cents ans aux faits de l’histoire ecclésiastique, et sur ces tendances