Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/297

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III. Ce sacrement qui fait l’objet actuel de mon discours est donc, comme je l’ai indiqué, si noble et si efficace qu’il sert aux consécrations hiérarchiques : c’est pourquoi nos maîtres divins lui attribuant le même rang et la même énergie qu’au sacrement de la communion[1], l’ont fait célébrer avec les mêmes symboles à peu près, avec les mêmes cérémonies mystiques, avec les mêmes chants sacrés. Ainsi vous verrez également le pontife quitter le sanctuaire pour aller répandre la bonne odeur de l’encens dans le reste du temple, et revenir ensuite à son point de départ, enseignant par là que les choses divines se communiquent à tous les saints, autant qu’ils le méritent, sans éprouver toutefois diminution ni changement, sans perdre cet état d’immuable fixité qui leur est propre. Ainsi encore les chants et la lecture des saintes Lettres engendrent les imparfaits à la grâce de la filiation divine, opèrent la conversion spirituelle de ceux qui sont tourmentés par les impurs démons, délivrent des frayeurs et séductions ennemies ceux qui se laissent lâchement aller au mal, et présentent à chacun, selon qu’il en est capable, la sublimité de la vertu et la divine perfection. Par là ces hommes inspireront à leur tour de l’effroi aux puissances hostiles, et seront préposés à la guérison des autres âmes ; ils posséderont pour eux, et communiqueront à leurs frères le privilége divin d’une inébranlable constance dans le bien, et une force merveilleuse pour combattre les passions. Ces

  1. Ces expressions ne signifient pas qu’il faille attribuer au sacrement du saint chrême les mêmes effets absolument qu’opère la sainte Eucharistie, car alors ces deux sacrements se confondraient en un seul. L’auteur a seulement voulu marquer que tous deux confèrent des grâces semblables, donnant à l’âme chrétienne lumière, force et amour.