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CHAPITRE I.


éclairés de cette vérité, que Dieu est la cause de tout ce qui est, mais n’est rien de ce qui est, tant son être remporte sur tout être !

Ainsi, quelle que soit en elle-même sa nature supra-substantielle et sa bonté immense, quiconque honore cette vérité qui dépasse toute vérité, ne la nommera pas raison, puissance, entendement, vie ou essence ; mais il la présentera comme surpassant d’une façon incomparable tout ce qui est habitude, mouvement, vie, imagination, conjecture, dénomination, parole, raisonnement, intuition et substance, tout ce qui est invariable et fixe, tout ce qui est union, limite, infinité, toutes choses enfin. Puis donc que Dieu, qui est la bonté par essence, en vertu de son être a produit tous les êtres, il convient de louer sa providence, source de tout bien, par ses propres ouvrages. Car toutes choses sont autour d’elle, et existent pour elle ; elle précède toutes choses, et en elle toutes choses subsistent ; c’est parce qu’elle est, que l’univers fut produit et qu’il se conserve ; et la création entière gravite vers elle : les natures douées d’intelligence et de raison, par la connaissance ; les natures inférieures, par la sensibilité ; et les autres, par le mouvement de la vie, ou au moins par le fait de leur existence comme substances, ou comme modes.

VI. C’est d’après cette double idée que les théologiens disent qu’on ne saurait nommer Dieu, et pourtant lui appliquent tous les noms. Ainsi, d’une part, ils rapportent qu’en l’une de ces mystérieuses rencontres où elle se manifeste sous forme sensible, la divinité fit reproche au mortel qui avait demandé : Quel est votre nom ? et qu’elle ajouta, comme pour le détourner de la recherche de cet auguste secret :