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CHAPITRE II.


Trinité tout entière les noms qui la placent au-dessus de toute bonté, divinité, essence, vie et sagesse; et tous les noms de cette théologie qui procède par négation transcendentale ; et également ceux qui accusent la causalité, comme bonté, beauté, être, force vivifiante, sagesse ; et ceux enfin qui expriment les doux bienfaits pour lesquels Dieu est appelé principe de toute chose bonne. Au contraire sont distincts les noms et les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tellement qu’on ne saurait faire en ce point des affirmations réciproques ou absolument générales. Il faut regarder aussi comme propres et incommunicables l’incarnation de Jésus, qui s’est fait homme sans cesser d’être Dieu, et les œuvres mystérieuses qu’il a véritablement opérées en son humanité sainte.

IV. Mais je crois qu’il importe de reprendre la chose de plus haut et d’exposer ce que c’est que cette unité et distinction parfaite en Dieu, afin de donner plus de clarté à nos paroles, évitant la confusion et l’obscurité, et procédant avec toute la précision, la netteté et l’ordre possibles. Or, ainsi qu’il a été dit ailleurs, nos ancêtres dans la science théologique nomment unité en Dieu les mystérieuses et absolues propriétés de cette indivisible essence qu’on ne peut ni exprimer ni connaître; et ils nomment distinctions les processions et manifestations de la fécondité divine. Puis ils ajoutent, toujours d’après les Écritures, que cette unité radicale a ses caractères particuliers, et qu’en chaque distinction il y a une unité et des distinctions relatives. Par exemple, dans l’unité absolue de sa nature transcendante, la Trinité entière possède en commun l’être à son plus haut degré, la divinité avec toute sa richesse, la bonté incommensu-