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DES NOMS DIVINS.


par la grâce divine, les créatures, selon leur capacité respective, se transforment en dieux, il semble, et l’on dit effectivement, qu’il y a pluralité de dieux divers ; et toutefois le Dieu-principe et supérieur reste essentiellement seul, uni à lui-même, indivisé dans les choses divisibles, pur de tout mélange et constamment simple dans les choses multiples. C’est ce qu’entendait surnaturellement celui qui nous guida, mon maître et moi, vers la lumière céleste, personnage profond dans les choses saintes et glorieuse lumière du monde, lorsque sa main inspirée écrivait ceci : « Quoiqu’il y en ait qui soient nommés dieux tant au ciel que sur la terre, et qu’il y ait ainsi plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, pour nous, nous n’avons qu’un seul Dieu Père qui a créé toutes choses et qui nous a faits pour lui, et un seul Seigneur Jésus-Christ par qui tout a été fait, et par qui nous sommes[1]. » Car, en Dieu, l’unité précède et domine la distinction ; mais la distinction n’entame pas, ne déchire pas l’unité.

Or, nous voulons de tout notre cœur célébrer ces distinctions, ou, si l’on veut, ces œuvres de bonté absolument communes à la divinité tout entière, expliquant les noms divins par lesquels l’Écriture nous les représente. Mais il demeure constant que toutes les saintes appellations qui expriment la bienfaisance doivent s’entendre indistinctement de la Trinité tout entière, quelque personne divine qu’on veuille désigner d’ailleurs.

  1. I. Cor., 8, 5.