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CHAPITRE IV.


trop lorsque l’âme s’applique aux choses intelligibles par l’entendement pur ; comme aussi la puissance intellectuelle devient elle-même inutile, lorsque l’âme divinisée se précipite, par une sorte d’aveugle course, et par le mystère d’une inconcevable union, dans les splendeurs de la lumière inaccessible. Mais si la pensée essaie de s’élever à la contemplation de la vérité par le moyen des choses matérielles, assurément il faut préférer celles qui se présentent aux sens avec une évidence plus frappante, comme les paroles les plus claires, les objets les plus connus ; car, si les sens ne sont éveillés que par une vague image. ils ne peuvent transmettre à l’esprit qu’une notion obscure. Mais afin qu’on ne s’imagine pas que, par cette explication, nous faussons les Écritures, citons-les à ceux qui nous blâment d’avoir nommé l’amour : « Aime la sagesse, est-il dit, et elle te conservera ; environne-la, et elle t’élèvera ; honore-la, afin qu’elle t’embrasse[1]. » Et il y a une foule d’autres passages où les divins oracles parlent d’amour.

XII. Même il a semblé à quelques-uns de nos saints docteurs que le nom d’amour était plus pieux que celui de dilection. Car le divin Ignace a écrit : Mon amour a été crucifié. Et dans le livre qui est comme une introduction aux Lettres sacrées, vous trouverez que l’auteur parle ainsi de la sagesse : Je suis devenu amateur de sa beauté[2]. Qu’ainsi ce nom d’amour ne nous effarouche pas, et ne nous laissons point troubler par les objections qu’on ferait sur ce sujet. Pour moi, je crois que les théologiens inspirés confondent dans une même acception amour

  1. Proverb., 4.
  2. Sapient., 8, 2.