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DES NOMS DIVINS.


raison, de toute sagesse et de toute prudence ; que d’elle procède tout bon conseil, toute connaissance et habileté, et qu’en elle sont renfermés les trésors de la science et de la sagesse[1]. Car, conformément à ce qui a été dit, cette cause excellemment sage produit le principe absolu de toute sagesse, et toute sagesse, tant en général qu’en particulier.

II. C’est de cette source que les anges, puissances intelligibles et intelligentes, reçoivent leurs simples et bienheureuses notions. Cette science divine, ils ne la cherchent pas dans le monde matériel, ni ne la déduisent d’éléments multiples, d’objets sensibles, ou de raisonnements laborieux ; mais n’ayant rien de commun avec ces grossiers moyens, et n’étant point impliqués dans la matière et la multiplicité, ils entendent ce qu’il leur est donné de connaître en la divinité, d’une façon simple, spirituelle, unitive. Et leur faculté et opération intellectuelle brille d’une pureté sans mélange et sans souillure, les rend capables de contempler les idées divines, et à raison de leur simplicité, de leur immatérialité, et de leur unité parfaite, les façonne, autant qu’il est possible, à la ressemblance de l’intelligence et de la raison infiniment sages de Dieu. C’est encore à cette sagesse originelle que les âmes empruntent le raisonnement ; car ne pouvant aborder directement l’essence des choses, elles n’y arrivent qu’à l’aide de déductions compliquées. Aussi nos connaissances, à cause de la multitude et de la variété des éléments dont elles se forment, sont bien loin de celles des purs esprits ; et toutefois, lorsque nous ramenons à l’unité nos notions diverses, la science humaine a quelque chose

  1. Coloss., 2, 3.