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CHAPITRE VII.


dès qu’il se connaît, il ne saurait ignorer ce qu’il a lui-même produit. Ainsi Dieu sait toutes choses, parce qu’il les voit en lui, et non parce qu’il les voit en elles : ainsi encore les anges qui, d’après les Écritures, savent ce qui se passe sur terre, constatent les phénomènes sensibles, non par la voie des sens, mais par une force supérieure, et par la propriété de leur entendement fait à l’image de Dieu.

III. Il faut rechercher maintenant comment nous connaissons Dieu, que ni l’entendement, ni les sens n’atteignent, et qui n’est rien de ce qui existe. Or n’est-il pas vrai de dire que la nature de Dieu nous est inconnue, puisqu’elle dépasse toute raison, tout esprit, et ne saurait devenir l’objet de notre science ? n’est-il pas vrai que par la magnifique ordonnance de l’univers que Dieu a établie, et où reluisent les images et les vestiges des idées divines, nous sommes élevés, comme par une route naturelle et facile, jusqu’à l’être souverain, autant que nos forces le permettent, niant tout de lui, et le plaçant par-dessus tout, et le considérant comme la cause de tout ? C’est pourquoi toutes choses parlent de Dieu, et nulle chose n’en parle bien ; on le connaît par science, et à la fois par ignorance ; il est accessible à l’entendement, à la raison, à la science ; on le discerne par la sensibilité, par l’opinion, par l’imagination ; on le nomme enfin ; et d’autre part, il est incompréhensible, ineffable, sans nom. Il n’est rien de ce qui existe, et rien de ce qui existe ne le fait comprendre. Il est tout en toutes choses, et il n’est essentiellement en aucune chose. Tout le révèle à tous, et rien ne le manifeste à personne : ces locutions diverses s’appliquent très-bien à Dieu, et on peut le désigner par toutes les réalités, en ce que toutes elles ont