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DES NOMS DIVINS.


giques, nous appuyant sur le témoignage des livres inspirés.

VI. Mais parce que vous m’avez écrit un jour, à dessein de savoir ce que j’entends par l’être en soi, la vie en soi, la sagesse en soi ; parce que je vous jette dans l’incertitude en affirmant tantôt que Dieu est la vie en soi, tantôt qu’il est le créateur de la vie en soi, j’ai cru, ô pieux ami, devoir résoudre un doute que j’ai fait naître. Et d’abord, pour répéter ce que j’ai mille fois avancé, il n’implique pas contradiction de dire que Dieu est la puissance essentielle, la vie essentielle, et qu’il est aussi le créateur de la vie, de la paix, de la puissance essentielles. Car dans le dernier cas, l’on désigne Dieu par les choses qui sont, et spécialement par les choses qui précèdent toutes les autres, parce qu’effectivement il a tout produit ; dans le premier cas, Dieu est représenté comme surpassant par son essence suréminente toutes les choses qui sont et même celles qui préexistent à toutes les autres. Mais enfin qu’entendons-nous par l’être en soi, la vie en soi, et par ces principes absolus que l’on suppose créés par Dieu avant tout le reste ? Or, notre assertion n’a rien d’ambigu ; mais elle est exacte et s’explique avec facilité. Car nous n’admettons pas que l’être considéré absolument soit une substance divine, ou angélique, qui ait tout produit ; celui-là seul qui l’emporte sur tout, est le principe, la substance, la cause qui a créé toutes choses, même l’être en soi. Nous n’admettons pas que la vie émane de quelque divinité, autre que le Dieu suprême, vivant principe de tout ce qui vit, et même de la vie en soi. En un mot, nous n’admettons pas que les choses aient pour principes et pour causes productrices ces êtres doués d’une existence