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DES NOMS DIVINS.


III. Il faut remarquer de plus que les choses ne sont jamais réputées unies, qu’autant qu’elles présentent le caractère spécifique d’une unité préconçue. Enfin on voit que l’unité est le principe élémentaire de tout ; et si tous en faites abstraction, il n’y a plus ni totalité, ni partie, il n’y a plus rien : car toutes choses préexistent, et sont renfermées suréminemment dans l’unité.

Aussi la théologie, considérant la Trinité comme unique cause de tout, la désigne sous le nom d’unité ; et elle enseigne qu’il n’y a qu’un seul Dieu Père, un seul Seigneur Jésus-Christ, un seul et même Esprit saint, dans la simplicité ineffable d’une même unité, où toutes choses préexistent merveilleusement, et sont rassemblées et unies sans division. C’est donc avec raison qu’on attribue et qu’on rapporte tout à cette nature auguste ; car elle a tout produit et tout ordonné ; en elle tout subsiste et se maintient ; tout reçoit d’elle son complément, et tout se dirige vers elle. Et vous ne trouverez pas un seul être qui ne doive ce qu’il est, et sa perfection et sa permanence, à cette unité transcendante que nous reconnaissons en la Trinité sainte. En conséquence, il faut que, ramenés de la pluralité à l’unité par la vertu de la simplicité divine, nous donnions gloire spéciale à la Trinité et unité céleste, comme à l’unique principe des choses, qui précède toute singularité et pluralité, toute partie et totalité, toute limite et immensité, tout fini et infini ; qui constitue tous les êtres, et même la raison de l’être ; qui, sans altération de son unité, produit chaque chose et la totalité des choses, coexistant, antérieur et supérieur à tout, l’emportant sur toute unité créée, dont il produit lui-même la forme essentielle : car l’unité qui apparaît dans les