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LXXVIII
INTRODUCTION.

par les Écritures, à l’exclusion de toute autorité humaine. En effet, les ouvrages de nos premiers docteurs n’offrent presque d’autres témoignages que ceux des saints oracles, et il est très-rare qu’ils citent nominativement des écrivains catholiques. Même nous voyons que saint Athanase refuse aux ariens le droit de s’appuyer de la doctrine d’aucun homme ; et s’il se relâche un peu de cette condition, et descend sur le terrain qu’avaient choisi les adversaires, c’était pour mettre en évidence que, le droit même étant supposé, le fait servait mal ses antagonistes : c’est de la sorte qu’il revendique pour la cause du catholicisme les noms de saint Denys d’Alexandrie et d’Origène, dont l’hérésie essayait de se glorifier.

Peut-être ces explications seront jugées suffisantes touchant le silence objecté des anciens Pères. Mais il n’est pas hors de propos d’ajouter encore qu’on reprochait à quelques philosophes, et en particulier à Proclus, d’avoir fait des emprunts à saint Denys et médité de cacher au public la source féconde où ils avaient puisé, comme on l’a indiqué plus haut. Pachymère dit qu’il est bien permis de croire que les philosophes athéniens cachèrent au public les œuvres de saint Denys, aspirant peut-être à en passer pour les auteurs[1].

Ainsi, et en conséquence de ces réfutations, subsiste dans toute sa force, l’argument fondé sur les témoignages graves, nombreux, positifs, que nous avons recueillis et présentés.

Ainsi semble établie par les preuves extrinsèques, comme par les preuves intrinsèques, notre opinion touchant l’authenticité des livres attribués à saint Denys.

Près de clore cette dissertation, je me demande pourquoi une chose qui est presque évidente, a été longtemps rejetée comme fausse, et pourquoi, toute certaine qu’elle me paraisse, je ne l’ai soutenue qu’avec une modération

  1. Pachym. in proœm. ad opera Dionysii. On sait que Proclus vécut, enseigna et mourut à Athènes.