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LXXXV
INTRODUCTION.

sont pour les intelligences droites et les cœurs purs une leçon de vertu et un motif d’amour. Il est donc raisonnable et pieux que l’homme puise quelque inspiration dans les circonstances qui l’environnent et dont il subit nécessairement l’influence ; car elles éveillent et excitent ses facultés, quelquefois elles en restreignent ou même en paralysent l’exercice ; de son côté, il les plie souvent à sa volonté, du moins il peut toujours en tirer un parti salutaire. Notre vie à tous est donc comme une sphère que le temps et les événements limitent, et dans laquelle l’inspiration céleste et notre activité personnelle se trouvent providentiellement circonscrites et déterminées ; et par cette considération encore, il faut dire que le bien ne nous est possible qu’à de certains degrés et sous une certaine forme.

L’impulsion divine, la réaction de la créature, les circonstances de temps et de lieu dans lesquelles la grâce et la liberté humaine s’unissent en une sorte d’embrassement fécond qui produit la vertu : tel est donc le triple élément qu’il faut connaître pour apprécier une œuvre pieuse en général, et spécialement le livre que nous voulons examiner ici. Or on devrait trouver sur ce point les documents les plus complets dans la biographie de notre écrivain ; car c’est là qu’on pourrait juger avec quelle vigueur la grâce vint le saisir, avec quelle docilité il répondit à l’appel divin, et comment des circonstances, soit générales, soit particulières, exercèrent quelque influence sur ses actions. Il y a donc convenance, et même utilité, à retracer au moins brièvement la vie de saint Denys.

La vie de saint Denys l’Aréopagite s’écoula entre la 9e et la 120e année de l’ère chrétienne ; il naquit la 50e année du règne d’Auguste, et mourut la 1re de l’empire d’Adrien. Ainsi la Providence le plaça en face des deux plus grands spectacles qui puissent être donnés à un homme : il vit la force matérielle élevée à sa plus haute expression dans le plus vaste empire qui ait jamais existé, et la