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ii
préface.

Toutes les traductions des Églises de la Réformation sont fondées sur ces textes, et avaient déjà paru, lorsque les Elzévirs de Hollande qui avaient adopté le texte de Th. de Bèze comme type de leurs nombreuses éditions, furent assez hardis pour dire dans la préface de celle qu’ils publièrent en 1633, que le texte qu’ils présentaient ainsi, était : « textus ab omnibus receptus », texte reçu de tous. Ce texte, appelé dès lors du nom de « texte reçu », a fait autorité jusqu’aux travaux critiques modernes, au sein du protestantisme, et a été généralement suivi par les quelques traducteurs protestants modernes. Les traductions catholiques sont faites sur la Vulgate latine.

Quoi qu’il en soit, tous les textes dont nous venons de parler ne reposent que sur un nombre très-restreint de manuscrits. La critique sacrée aussi était fort peu avancée à l’époque où ils furent publiés. Ensuite les craintes des personnes qui désiraient que la foi ne fût pas ébranlée, empêchèrent que la question de l’exactitude du texte ainsi présenté, fût soulevée. Mais dès lors, plusieurs centaines de manuscrits, dont quelques-uns d’une très-haute antiquité, ont été examinés ou même retrouvés. Depuis la publication de notre première édition même, on a découvert celui du Sinaï, publié celui du Vatican, celui de Porphyrius (comprenant les Actes, les épîtres de Paul, la plupart des épîtres catholiques et l’Apocalypse), et d’autres encore dans les « Monumenta Sacra Inedita » de Tischendorf qui s’est servi de plusieurs d’entre eux dans la VIIe et VIIIe édit. de son Nouveau Testament. Un grand nombre de ces manuscrits on été examinés et comparés avec soin : on a pu ainsi corriger les fautes que des copistes avaient introduites dans les 13 manuscrits d’Étienne, ou qui, de toute autre manière, avaient passé dans le « texte reçu ».

Les savants qui ont ainsi employé leur temps et leur sagacité à purifier le texte des fautes qui s’y étaient glissées par l’incurie ou la présomption des hommes, ont formé un texte corrigé, en classant, d’après divers systèmes, et en jugeant, chacun à son point de vue particulier, les nombreux manuscrits actuellement connus, des plus importants desquels nous donnons plus loin une liste sommaire.

Nous rappellerons ici les principaux d’entre ces savants. Le premier peut-être qu’on doive signaler est Mill, qui a accumulé un nombre très-grand de variantes en examinant les manuscrits qu’il trouva dans les diverses bibliothèques de l’Europe. Ensuite vient Bengel qui a proposé le principe, bien mis à profit plus tard, d’une classification des manuscrits en diverses familles. Après lui, Wetstein a ajouté encore beaucoup d’autres variantes, et a publié une édition d’une grande valeur critique. Puis Griesbach, Scholz, Lachmann, Tischendorf, ont mis à profit les ressources fournies par leurs prédécesseurs dans ce champ de travail, en faisant eux-mêmes aussi de nouvelles recherches.

Griesbach, critique perspicace, d’un jugement sobre et fin, s’appuie principalement sur les anciens manuscrits à lettres onciales, dont le plus grand nombre est de la famille alexandrine ; mais il a puisé à d’autres sources et pesé les diverses autorités. Il distingue trois familles ou classes de leçons ou de manuscrits : les manuscrits alexandrins, les manuscrits byzantins, et les manuscrits occidentaux. Son édition, publiée après les travaux de Mill, de Bengel et de Wetstein, a certainement posé les bases de la critique moderne. Scholz, imprimé avec une grande négligence, a prétendu suivre les leçons des manuscrits byzantins, suivis par la masse de manuscrits modernes ou occidentaux qui